27 Mars 2013
Passage du premier chapitre
Cahors, à l’aube du 10 novembre 1224
Le mort était plus mort que mort.
Bien que ce hardi concept dépassât de très loin les
capacités d’entendement des soudards du guet, c’était
bel et bien ce que donnait à comprendre l’étrange scène
devant laquelle se trouvaient désormais réunis les sergents de l’évêque et leur chef.
Le capitaine retira son casque, se gratta la tignasse, et
prit la mine absorbée d’un sanglier confronté à un problème d’astronomie. Mais il faut dire que ce capitaine-là
n’avait jamais eu réputation d’être capable de résoudre
quoi que ce soit. Lorsqu’il était jeune, quelques années
en arrière, on le surnommait “Creux du cap” - ou “Tête
creuse”, si l’on préfère... Toutefois, nul ne l’appelait plus
ainsi. En fait, il avait gagné, l’an de grâce 1218, un nouveau surnom : alors qu’il était commis à la surveillance
des troupeaux du seigneur évêque, il avait eu bêtement
maille à partir avec un bœuf qui refusait de lâcher la
vache implorante au cul de laquelle, quoique dûment castré, il s’était croché. Depuis, le capitaine du guet était
surnommé “Mord-bœuf ”, car il avait convaincu -